Le 30 octobre, Yoann Gillet présentait en commission des lois de l’Assemblée nationale son rapport sur le projet de loi de finances 2025 relatif aux Outre-mer.
En présence du Ministre Buffet, le député a fait état d’un budget « brutal, austère, injuste et méprisant » à l’égard des ultramarins.
Le parlementaire a commencé par rappeler que les crédits de la mission connaissent dans le projet de budget une chute de 12,5 % en autorisations d’engagement et de 9 % en crédits de paiement par rapport à l’exercice précédent, mettant à mal les projets d’aménagement et les services de proximité dont ces territoires ont pourtant cruellement besoin.
Yoann Gillet a également présenté la partie thématique de son rapport, consacrée à la situation migratoire, sécuritaire, économique et sociale de Mayotte.
Pour se faire, le député RN s’y est rendu du 23 au 30 septembre dernier. Il y a rencontré de nombreux représentants des acteurs politiques, économiques, associatifs, mais aussi des citoyens du département, ainsi que des fonctionnaires et des militaires qui font vivre Mayotte au quotidien, malgré les crises et les difficultés.
« Mayotte a tout d’un bijou français, au cœur de l’Océan indien. Mais sa proximité avec les Comores a transformé ce petit paradis en un enfer. Un enfer que peu d’entre nous peuvent imaginer depuis ici, depuis la métropole.
Il faut faire face à la réalité chers collègues et la dire sans avoir peur des mots : oui, la situation migratoire est telle que tout craque à Mayotte. Plus rien ne tient. Tout s’écroule. » a-t-il déclaré.
Dans son allocation, le député a relaté la réalité vécue par les Mahorais, sans langue de bois et n’hésitant pas à lier la situation sécuritaire à la submersion migratoire de ce département Français, gênant visiblement le Ministre et les députés du NFP (Nouveau Front Populaire).
Plus qu’un constat, le rapport du député et porte-parole du Rassemblement National contient également des recommandations concrètes.
1. Renforcer et à terme généraliser le service militaire adapté (SMA) qui est un formidable outil d’insertion et de formation ;
2. Engager dès à présent une conférence avec l’ensemble des parties prenantes afin de trouver des solutions viables (second aéroport, « piste longue ») et des perspectives claires pour le futur de l’aéroport de Mayotte ;
3. Dans le cadre des projets de loi Mayotte, mettre en place une stratégie globale de développement des infrastructures de transport avec l’ensemble des parties prenantes posant un cap et des objectifs clairs pour l’ensemble des infrastructures essentielles du département ;
4. Faire de Mayotte la base arrière du projet gazier du Canal du Mozambique porté par Total Énergies et d’autres entreprises gazières et pétrolières ;
5. Instaurer une diplomatie plus ferme avec Comores en matière de lutte contre les trafics et l’immigration clandestine ;
6. Conditionner la délivrance des visas pour se rendre à Mayotte à l’acceptation par les pays tiers de la reprise de leurs ressortissants en situation irrégulière ;
7. Accroître significativement et sans délai les moyens consacrés à la mission de lutte contre l’immigration clandestine à Mayotte, en permettant notamment le doublement de la flotte d’intercepteurs et l’acquisition de nouveaux radars de détection, couvrant la totalité de côtes ;
8. Disposer un patrouilleur de la marine nationale dans les eaux internationales pour mieux lutter contre l’immigration clandestine ;
9. Abolir le droit du sol sur l’ensemble du territoire français, et a minima sur Mayotte ;
10. Rétablir le délit de séjour irrégulier et interdire toute naturalisation d’une personne s’étant rendue coupable de ce délit ;
11. Revoir les dispositifs d’indemnisation des fonctionnaires de police en mobilité sur Mayotte afin de les rendre plus attractifs et les ouvrir aux personnels administratifs et policiers adjoints ;
12. Généraliser et faciliter le dispositif de prolongation des postes des gardiens de la paix et des officiers sur Mayotte lorsque ceux-ci souhaitent s’y établir au-delà de la durée maximale de six ans ;
13. Créer des écoles de formations aux métiers de la sécurité dans les outre-mer, afin de favoriser le recrutement de Français d’outre-mer dans la gendarmerie, la police nationale et les polices municipales ;
14. Lancer sans délai le chantier de construction du second établissement pénitentiaire ;
15. Mettre en place un moratoire sur la prise en charge des enfants étrangers par l’école publique sur Mayotte ;
16. Assurer le respect du dédoublement des classes de CP et CE1 dans les écoles publiques de Mayotte ;
17. Revoir les dispositifs d’indemnisation des enseignants fonctionnaires et contractuels de Mayotte afin de les rendre plus attractifs, a minima en les alignant avec les régimes indemnitaires applicables à La Réunion ;
18. Recruter de nouveaux enseignants du premier degré en mettant en place des concours locaux complémentaires ;
19. Rétablir un plan pluriannuel de programmation du renforcement de l’offre de restauration scolaire, dans le primaire et le secondaire afin de doter toutes les écoles, collèges et lycées de Mayotte d’une prestation de restauration scolaire ;
20. Développer des services publics de transports scolaires sûrs (bus notamment) et sécuriser les déplacements des enfants (et notamment, les violences dans les transports et aux abords des établissements) ;
21. Renforcer les heures de français à l’école primaire et au collège à Mayotte ;
22. Mettre en place des cours de français obligatoires et gratuits pour les parents d’élèves ne maîtrisant pas ou mal notre langue ;
23. Créer un grand ministère d’État de la France d’Outre-mer et de la politique ultramarine.
En conclusion de son intervention, le député a souligné la fierté des Mahorais d’être Français, exhortant le Ministre à écouter et considérer les territoires d’Outre-mer.